Les mots, leur nature, leur sens, leur usage ! J’ai toujours été fasciné par les mots. Depuis toute petite, je passais mon temps à la bibliothèque de l’école. Mon père m’appelait la souris de bibliothèque !!!
Ecrire, c’est pour moi mettre en mots des choses, des situations, des faits, des idées, le monde, ma vie, mes sentiments, ce que je maitrise, ce que je ne maitrise pas, ce que je comprends, ce que je ne comprends pas : une tâche difficile, n’est-ce pas ?
J’ai lu l’œuvre autobiographique de Jean-Paul Sartre plusieurs fois sans jamais m’en lasser ! Dans Les Mots, Jean-Paul Sartre raconte comment, enfant, il a découvert l’écriture et ses plaisirs. Dans Les Mots, Jean-Paul Sartre évoque le pouvoir magique de ces assemblages de lettres, capable de prendre la réalité « au piège de la nomination. »
Tout mot écrit est un pur délice qui met en émoi tous nos sens : le graphique, le visuel, on le voit, on l’entend, on le comprend, on peut le toucher…C’est beau de pouvoir jouer sur les sons, sur la forme, sur la calligraphie, sur le sens…ah les mots me touchent, me transportent, les mots français, les mots anglais, les mots arabes, les mots espagnols, les mots allemands, les mots djerma, les mots sonrai, tous les mots me transportent de plaisir, me font frissonner, mettent mes sens en émoi !
Marot Clément (1497-1544), dans la Chronique parisienne d’une partie du règne de François 1er, écrit beautifully by playing with the word « rime. » Il a construit toutes ses rimes sur le mot rime, sur la forme et sur le sens, séparément ou simultanément.
Dans Petite épitre au roi, Clément ecrit :
« En mébattant je fais rondeaux en rime/ Et en rimant bien souvent je m’enrime ;/ Bref, c’est pitié d’entre nous rimailleurs/ Car vous trouvez assez de rimes ailleurs,/ Et quand vous plaît, mieux que moi rimassez,/ Des biens avez et de la rime assez,/ Mais à moi, à tout ma rime et ma rimaille,/ Je ne soutiens (dont je suis marri) maille. »
Ces beaux les mots ! Words are beautiful ! Les mots au sens premier, au sens dénoté, auquel s’ajoutent des sens seconds, puis des sens figurés ! C’est cette polysémie qui fait la richesse de notre langue, qui fait la richesse du lexique et sa difficulté !! Un seul mot peut conduire à des confusions et à la compréhension erronée de toute une génération !
Un mot prend des valeurs particulières, une autre connotation en fonction de son environnement géographique, textuel, de la sensibilité de celui qui parle ou de celle de la personne qui le lit, de l’époque, du registre, ahhhhhhhhhhhhh les mots, les mots, words, kalimates…
Le mot naissance peut signifier « la venue au monde », peut designer « l’origine sociale », le tiers état, et renvoie implicitement à un « statut défavorisé », donc un sens connoté
J’aime, j’adore les mots qui sont à l’origine de confusions volontaires, quiproquos, jeux de mots multiples sur lesquels reposent le comique, ou le tragique. L’existence des connotations fait la richesse créatrice des mots qui peuvent avoir de multiples interprétations.
Les mots ont une histoire. On peut retrouver leur étymologie, c’est-à-dire leur origine, dans les autres langues, auxquelles ils sont empruntés tandis que des mots nouveaux naissent au moyen de préfixes et de suffixes. Les mots d’origine latines, les mots dérivés, les mots composés, les synonymes, les antonymes,…le mot grec philia qui veut dire amour, phyton qui veut dire plante, psyché qui veut dire âme, pathos qui veut dire souffrance, phagein qui veut dire manger, télé qui veut dire à distance, au loin, graphein qui veut dire ecrire, phobos, qui veut dire crainte, zoon qui veut dire animal, thérapeuein qui veut dire soigner, logos qui veut dire étude, discours, anthropos qui veut dire homme, phoné qui veut dire son ,voix…….
La richesse des mots, au sens premier, explicite et constant, en sens seconds et implicites, les sens connotés ! manger, avaler, becqueter, ingurgiter, dévorer
Ou bien étourdi, écervelé, irréfléchi, évaporé, distrait
Ou bien maigre, décharné, mince, efflanqué, filiforme
Ou bien étonnant, insolite, prodigieux, troublant
Avec des mots, consolez-moi, avec des mots, amusez-moi, avec des mots attristez-moi, faites-moi rêver, faites-moi rire, faites-moi frémir, faites-moi pleurer, faites-moi PENSER !
Finissons sur les mots de Pierre de Ronsard, Derniers vers (1585),
« Je nai plus que les os, un squelette je semble
Décharné, dénervé, démusclé, dépoulpé,
Que le trait de la mort sans pardon a frappé ;
Je n’ose voir mes bras que de peur je ne tremble. »
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