"All humans are members of the same body Created from one essence"

"Human beings are members of a whole in creation of one essence and soul. If one member is afflicted with pain, other members uneasy will remain."

Sunday 2 August 2020

Palimpseste

Un palimpseste est un parchemin manuscrit dont on a effacé la première écriture afin d'écrire un nouveau texte. 

Le terme 'palimpseste' vient du latin 'palimpsestus', mot lui-même issu du grec ancien 'palimpsêsto', qui signifie 'gratté de nouveau'. 

Le palimpseste est donc une figure textuelle ou poétique qui porte une charge historique, en ouvrant le présent au poids du passé. On peut utiliser l'idée du palimpseste pour décrire comment la narration peut représenter une histoire enfouie ou supprimée. 

De même que les copistes réutilisaient un parchemin déjà écrit, mais dont ils savaient effacer l'écriture précédente par grattage ou par lavage, de même, l'écriture du présent, omniprésent, recouvre un récit passé, traumatisant, culpabilisant, qui est une histoire enfouie. 

La définition de la mémoire comme palimpseste par le poète Baudelaire est très intéressante: "Souvent des êtres, surpris par un accident subit, suffoqués brusquement par l'eau, et en danger de mort, ont vu s'allumer dans leur cerveau tout le théatre de leur vie passée. Le temps a été annihilé, et quelques secondes ont suffi à contenir une quantité de sentiments et d'images équivalents à des années. Et ce qu'il y a de plus singulier dans cette expérience, que le hasard a amenée plus d'une fois, ce n'est pas la simultanéité de tant d'éléments qui furent successifs, c'est la réapparition de tout ce que l'être lui-même ne connaissait plus, mais qu'il est cependant forcé de reconnaître comme lui étant propre. L'oubli n'est donc que momentané; et dans telles circonstances solennelles, dans la mort peut-être, et généralement dans les excitations intenses créées par l'opium, tout l'immense et compliqué palimpseste de la mémoire se déroule d'un seul coup, avec toutes ses couches superposées de sentiments défunts, mystérieusement embaumés dans ce que nous appelons oubli."

L'oubli n'est autre chose qu'un palimpseste. Qu'un accident survienne, et tous les effacements revivent dans les interlignes de la mémoire étonnée. 

Genette note, "Toute écriture est un palimpseste." Certes, un texte peut toujours en cacher un autre. Les idées de quelqu'un qui écrit n'émergent pas de nulle part, et celui d'un double sens, un sens figuré, dissimulé derrière des lignes simples. Les mots sont des palimpsestes dans le sens où quelque chose a existé avant. 

Le souvenir surgit par un détail, une image cachée dans les replis de la mémoire, comme un écho au palimpseste de la mémoire indestructible. 

Les fragments d'une vie se télescopent, s'entrechoquent. Dans l'agencement des événements, s'élabore un exercice de remembrance qui, par les moyens de l'écriture, ménage un instant de suspend. 

La mémoire se construit et reconstruit par l'action des hommes, elle évolue et se renouvelle, elle est vivante, dynamique: un palimpseste des représentations.

Qu'est-ce que le cerveau humain, sinon un palimpseste immense et naturel? Des couches innombrables d'idées, d'images, de sentiments. 

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