Dans un ouvrage à la gloire des mots, Claude Gagnière répond catégoriquement: "tout le monde copie sur tout le monde". Mais sans doute y a t-il différentes façons de copier...
"Il n'y avait encore au monde que deux auteurs, Eschyle et Sophocle, que, déjà, le second passait pour avoir pillé le premier", écrivait Victorien Sardou.
Disons-le tout net: depuis que le monde est monde, tout le monde copie sur tout le monde. Copie, recopie, imite, pastiche, emprunte, pique, s'inspire, vole, pille, pompe ou plagie.
Térence l'affirmait déjà, un siécle et demi avant notre ère: "Rien n'est dit qui n'ait été dit".
Jean Giraudoux est on ne peut plus clair: "Le plagiat est la base de toutes les littératures, excepté de la première, qui d'ailleurs est inconnue."
Chez les Romains on nommait plagiaire celui qui était condamné au fouet pour avoir vendu ou acheté comme esclaves des personnes qu'il savait être de condition libre. D'une manière générale, le plagiaire était celui qui s'emparait des esclaves d'autrui. Le mot latin de plagiarius proviendrait, selon les dictionnaires, soit du mot grec plagos (fourbe-hypocrite), soit du radical plaga (plaie-coup).
Martial, poète satirique latin, employa cette métaphore afin d'en flétrir l'auteur qui s'approprie les pensées d'un autre, s'exposant ainsi au fouet de l'opinion publique.
Etonnante carrière que celle de ce mot de plagiat qui, à deux millénaires de distance, assimile le vol d'une oeuvre écrite au rapt d'un esclave! Quel autre rapport peut-il exister entre ces deux délits si ce n'est un préjudice commercial ou financier causé à la victime?
Ed. Robert Laffont, coll, "Bouquins".
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